J’ai envie de vous parler d’un sujet qui suscite énormément d’émotion en France et en Europe, et qui donne une très mauvaise image du Québec (on chasse le phoque aux Îles-de-la-Madeleine) et du Canada en général : la chasse aux phoques. C’est d’actualité : le gouvernement du Canada a choisi de relever les quotas de chasse. Cette année, 325.000 phoques seront tués pour leur peau, leur viande.
Les images de ces chasseurs en train de massacrer et dépecer des phoques (que je vous épargne), laissant de macabres et sanglantes traces de leur forfait sur la neige, m’avait toujours révulsé. Puis j’ai eu l’occasion de regarder un documentaire qui, au Québec, a beaucoup fait parler de lui : Phoques – le film, de Raoul Jomphe. Il démonte un par un les mythes autour de la chasse au phoque, images et études à l’appui. Et dénonce la manipulation des associations environnementalistes. Ça bouscule les idées reçues, mais ça fait réfléchir sur la réalité.
Vous avez tous vu des images de bébés phoques en prise avec de vilains chasseurs prêts à les massacrer ? Et bien les blanchons, comme on dit ici, ne sont plus chassés depuis… 1987 ! Mais les associations environnementalistes continuent d’en utiliser l’attendrissante image pour soutenir leur cause.
Une forme de tromperie intellectuelle qui fonctionne : même l’article Internet du Monde où il était question du relèvement de ces quotas montrait une image de blanchon.
Autres idées reçues ? L’hakapik, ce bâton au bout duquel se trouve une pointe pour briser le crâne des phoques, est selon diverses études, l’arme la plus efficace pour tuer un phoque quasi-instantanément. Et si l’on donne plusieurs coups, ce n’est pas de l’acharnement, c’est pour être s’assurer que l’animal ne soit pas simplement que blessé. Les convulsions de l’animal seraient d’ordre mécanique (comme la légende urbaine qui voudrait qu’un poulet sans tête continue de courir), et non des mouvements d’agonie.
Et non le phoque n’est pas une espèce en voie d’extinction, et oui des chasseurs en vivent. La chasse aux phoques représente 35% de leurs revenus. 58$ la bête : quand on connaît le prix du litre de collagène issu de la peau de phoque par les industries, c’est très peu.
A lire : « Mythes et légende de la chasse au phoque » sur le site du Ministère canadien de la Pêche et des Océans (MPO).
Du côté des animalistes, on n’hésite pas non plus à affréter des avions (polluants) pour montrer la chasse au phoque de près à des personnalités, comme les McCartney. Et de les inciter pour la presse à prendre des photos avec les bébés phoques, ce qui les condamne à une mort certaine puisque les mères ne les reconnaissent plus.
Le documentaire dénonce également le salaire exorbitant de Rebecca Aldworth, coordonnatrice pour le Canada des activités de la Humane Society of United States : 500.000$/an, 50 fois plus que le revenu d’un chasseur.
Un film instructif. Et il faut bien reconnaître que la chasse n’est pas belle à voir, pas plus que les abattoirs.
Mais je m’interroge encore sur cette chasse… Les animaux meurent-ils vraiment ? A un moment du film, on voit les animalistes filmer l’agonie d’un phoque, et le remettre sur la glace lorsque celui-ci s’échappe pour mourir dans l’eau. Une image choquante sur les pratiques de ces défenseurs de la cause animale… Mais au-delà, cela voudrait-il dire que parfois, certains chasseurs font mal leur travail et laissent les animaux mourir le crâne ouvert pendant une demie-heure ? Odd Lindberg, un norvégien qui a enquêté sur la chasse aux phoques, a recueilli le témoignage d’anciens chasseurs : par négligence ou manque de temps, certains chasseurs bâclent l’abattage des animaux, et ne font que les blesser grièvement. Cette sinistre perspective me glace le sang.
Et cette chasse au phoque est-elle une nécessité (au sens philosophique du terme) pour les hommes outre les Inuits qui s’en nourrissent ? Le nombre de phoque augmente, mais la nature n’est-elle pas en mesure de réguler les populations de phoques ? D’autres sources revenus ne peuvent-elles être trouvées pour les chasseurs ?
